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le 10/06/2002

 

 

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La boîte à secrets

du naturaliste

Mon père avait un collègue au Muséum. M. Tamar était un homme extraordinaire. Il avait voyagé dans les pays les plus exotiques : Madagascar, l’Amazonie.

Il ramenait certains spécimens pour compléter les collections du Muséum. Il passait le temps qui lui restait sous son microscope dans les multiples salles du laboratoire.

Parfois, il me prenait prés de lui et me racontait certaines de ses expéditions dans la forêt tropicale. Il me laissait faire ses étiquettes à l’encre violette. Je ne trouvais plus les après-midi ennuyeuses lorsque mon père devait m’amener à son bureau.

Il me parlait des plantes et des insectes inconnus qu’il avait pu observer et décrire. Des grands tiroirs, il tirait des herbiers qui faisaient mon bonheur des heures entières.

Mais ce sont les planches remplies de coléoptères que je demandais toujours à revoir. Leurs couleurs, les bleus argentés, les verts dorés des scarabées exerçaient sur moi une véritable fascination.

Le soir dans ma chambre, je remplissais mes cahiers de croquis.

J’avalais le vocabulaire latin comme on déguste du réglisse en rouleau à la récréation. Les mots savants ne me résistaient pas. Longtemps, le mot Canopée est resté le plus mystérieux et le plus poétique qui soit.

Les parcours en sa compagnie sur le fleuve de ses récits m’ont communiqué sa passion des contrées inaccessibles et de leurs habitants .

Un jour mon père est revenu très triste d’une visite qu’il avait faite à notre ami. Il m’appela dans son bureau. Il me dit que M. Tamar lui avait donné un objet pour moi. Il me tendit une boîte de bois précieux.

Je m’enfuis dans le fonds du jardin pour découvrir seul mon butin. Il m’avait écrit un petit mot qui tomba de la boîte.

Il disait la chose suivante : " N’oublie pas de vivre. Cette boîte est ce que j’ai de plus précieux. Elle te portera chance. Ton ami. M.T. "

Plus tard mon père me dit que M. Tamar était très malade. Je continuais à jouer dans les galeries mystérieuses du Muséum. Il n’y venait plus. Et ses récits me manquaient.

Parfois, j’emportais avec moi la boîte à secrets. Je regardais les ambres rares, les coléoptères dans leur petit compartiment.

Ils me contaient les magies de la nature.

La boîte à secrets comme je l’appelle encore, m’accompagna tout au long de mes études. Elle continue à m’émerveiller.

Même après mes voyages dans le Sahara où j’essaye de mettre en pratique les leçons de mon ami.

Marie-Laure PARA