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Mise à jour

le 10/06/2002

 

 

 

 

 

 

 

Des boites dans tous leurs états

 

Quotidiennes, utilitaires, poétiques, les boîtes comme les objets envahissent notre vie. Cette rubrique propose  d'explorer de manière ludique cet objet-Totem. Votre contribution par mail, est parfois sollicitée sous forme de consigne d'écriture qui permettra  de réaliser une "oeuvre" collective.

sur une idée originale de Marie-Laure PARA

à Marie Mas

Bibliographie

JE SUPPORTE MAL qu'on jette, qu'on détruise. Si bien qu'en plus des trésors arrachés aux décharges ou chinés aux puces, nous vivons parmi tous les objets dont je refuse de me défaire. je déteste que l'on jette mes vêtements usagés, mes bouts de crayon, leurs entaillures, les papiers, les bouteilles vides. Quant aux chaussures, pour les mettre au panier, il faudrait me les faucher quasiment aux pieds ou pendant mon sommeil. J'ai peu de paires neuves utilisables à la fois - les autres, les vieilles chaussures, sont dans des sacs. Elles attendent.

De temps en temps, Marinette a une crise de déblaiement. Il est vrai que, parfois, on a du mal à entrer dans la maison. Elle « étouffe », elle « n'en peut plus ». Elle décide alors de faire des cartons qu'il faut déposer aux ordures sans les ouvrir. Des boîtes kamikazes, des trésors sacrifiés... (…) ! J'ai eu de la peine, j'ai senti qu'on se débarrassait de moi. Un camion à la décharge, un carton de vieilles pompes aux ordures, C'est fatalement une personne qu'on assassine un peu. C'est toute une vie mise au rancart, tout un itinéraire de chemins et de routes parcourus et de piétinement. Avec ses orthopèdes encore tout Chauds, ses prothèses, ses chaussures, ses vestes, ses draps, c'est une part de ses rêves, de ses fantasmes, de ses pieds, de sa tête, de ses couilles qui va rouler tout en vrac sur la cascade. (…)

L'humanité se divise en deux catégories: les jeteurs et les gardeurs. C'est de famille. Mes parents étaient gardeurs; on Mettait tout à la remise, on y élevait des lapins qui bouffaient tout. Ils ont même bouffé les pneus de la voiture. C'était la guerre, et, pendant la guerre, les gardeurs se sont trouvés avantagés. J'ai connu une vieille dame qui conservait tout et mettait ses trésors dans des boîtes à chaussures. Elle avait notamment accumulé Sa vie entière des morceaux de ficelle inutilisables et avait écrit sur le couvercle : Petits bouts déficelle ne pouvant plus servir à rien.

Le collectionneur de collections, 

Henri Cueco, Seuil, 1995